Kiekebich du matin

★ LETTRE DE JEAN

À Forest, le 27 novembre 2025.

Mon éclair au chocolat, mon biscuit matcha,

L’autre jour, j’étais au bureau, je regardais le ciel gris avec cette contrepèterie cafardeuse qui tournait en boucle dans ma tête : « En haut les couilles en or, en bas les nouilles encore »… Dans l’idée de me faire un thé bien chaud, je descends salle des machines, et là, PAF ! Chair de poule puissance 10 !

Tu vois la salle des machines ? Imagine un tourbillon de voix chargées d’une énergie de maboule qui se répand sous la verrière. Alors que tu pensais arriver dans une immense salle vide en quête du dernier sachet Lipton gisant dans le fond d’une boîte en carton.

40 femmes sont là, elles chantent de tout leur corps : «Je suis là !» «On est là !» Je comprends que c’est le chœur du comité des femmes sans papiers, «Les invisibles». Elles répètent pour le 14 décembre. (Et toi tu seras là ?)

«Nous sommes des femmes, pas des numéros». Elle posent leurs voix sur les beats électros lancés avec un entrain contagieux par ma voisine Rokia Bamba. À leurs côtés, il y a aussi une dame qui a l’air d’être une superpro de la musique, elle a un très léger accent américain quand elle parle français ; Quentin (mon collègue) m’explique que c’est Claron Mc Fadden, une chanteuse lyrique new-yorkaise qui vit maintenant aux Pays-Bas.

Full ébaubi·e, j’en oublie mon sachet de thé. Le silence débarque en deltaplane, puis tout doucement, elles commencent à fredonner ensemble d’une seule voix. Les mots de Claron viennent se poser sur ce humming magnétique : «Sometimes I feel like a motherless child… » (des phrases jadis chantées par des esclaves afro-américain·es). Pfiou.

Il y aurait 1000 choses à dire ce mois-ci encore, mais j’avais envie de te raconter ce moment-là 💜 Je t’embrasse.

Jean Brass

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