UCCI WHY

→ PORTRAIT DE RÉSIDENTE

[2024] Ucci why est la deuxième artiste à entamer le programme de résidences du Parcours Minigolf, un programme d’accompagnement d’artistes sexisé·e·s s’étalant de mars à juin initié par Les Volumineuses, L’atelier210, Le BRASS & Le BAMP avec la Maison Poème. Elle sera en résidence au BAMP dès lundi.

SI TA MUSIQUE ÉTAIT UN FRUIT, LEQUEL SERAIT-CE ET POURQUOI ? 

Ce serait une mangue, parce que j’adore la texture onctueuse, douce, j’adore la couleur orange, c’est vibrant, la peau est belle et douce avec des couleur orange et verte. Le noyau, dure, qui me saoule d’habitude mais que je trouve cool par rapport à ma musique parce que ça veut dire qu’il y a un vrai ADN, une énorme graine que tu plantes. 

COMMENT TU EN ES VENUE À FAIRE DE LA MUSIQUE ?

J’étais au Conservatoire, petite, j’ai fait de la flute traversière et j’ai trouvé ça horrible comme expérience, c’était stressant, j’étais avec des danseuses classique qui étaient anorexiques à l’âge de 10 ans à cause de leurs profs. Donc à mes 14 ans j’ai arrêté, je me suis dit, plus jamais je fais de la musique. Et en faite, à mes 21ans j’étais en école de cinéma et tout le monde faisait de la musique et moi je voulais écrire des scénarios et au fur et à mesure qu’on faisait du son je me suis dit qu’en fait, je peux écrire des lyrics et mettre mes idées dedans. C’est comme ça que j’ai commencé à rapper. 

COMMENT TE SENS-TU EN TANT QUE PERSONNE SEXISÉ·E ET RACISÉ·E DANS LE SECTEUR DE LA MUSIQUE EN BELGIQUE ? 

Je me sens un peu favorisé, dans le sens où il y a la tendance de mettre des personnes séxisé·es et racisés·es sur scène, donc tant mieux, c’est une belle tendance. Mais dans le milieu du rap, il va y avoir cet priori, bah, c’est une femme qui rap, ça va surement être de la merde. Donc ça c’est assez désagréable mais ça joue en ma faveur parce qu’une fois qu’ils m’ont écouté, ils aiment bien. Du fait d’être bulgare ça va, ça ressort pas trop, même au contraire, je trouve que ça ajoute presque une crédibilité au fait de je fasse du rap. Au final, je trouve que ça joue en ma faveur. 

Je suis venue à BX parce que je rap en anglais, en France, ils ne comprenait pas. Je rap en anglais parce que je suis bulgare, c’est la langue avec laquelle on parle dans ma famille en Bulgarie depuis que je suis toute petite, parce qu’ils ne parlent pas français. Et aussi, on catégorise vite en France, et c’est dur d’en sortir. Alors qu’en Belgique, notamment à Bruxelles, il y plus de liberté. Et moi je suis venue parce qu’il y avait Miss Angel, Blu Samu, juste des artistes femmes qui rap en anglais et en français. 

QUELLES SONT TES SOURCES D’INSPIRATIONS ? 

J’adore Nina Simone, Mac Miller, Sticky Fingers, Doja Cat, Janis Joplin, Gorillaz, c’est des influences inconscientes mais c’est pas quelque chose que je vais vouloir, je me dit pas, je vais faire un son comme cette track là. 

Pour les lyrics, ça va être mes états émotionnel du moment et après je vais coupler ça à la mélodie que j’entends et il va en ressortir un texte. Donc j’ai besoin d’une instru pour écrire mes textes. Je me rends compte du pouvoir des mots et j’ai cette volonté d’influencer les gens de manière positive et vers un avenir que moi j’aimerai voir, donc en l’occurence, Second chance c’est ça, je dis, je vois plus de plantes, je vois une seconde chance. 

QUEL EST TON PROCESSUS DE CRÉATION ? 

Je vais chercher des prod, soit sur internet ou bien avec des beatmakers qui m’envoie des prod, d’ailleurs beatmakeuses, il n’y en a pas beaucoup, je cherche ! Je vais sélectionner une prod, de là, je vais commencer à écrire et si ça prend, je vais décider si je la sors, je l’enregistre, je la mixe et je la masterise. Et je me juge, c’est pas évident, est- que que c’est assez bon ? Est-ce que les gens vont avoir envie d’écouter ça ? Mais au final, même si c’est moi qui le fait, est-ce que ça m’appartient ? Ou est-ce que je dois juste le donner aux gens ? Ça c’est spécial, j’ai pas encore résolu cette question. 

QU’EST CE QUE TU RESSENS QUAND TU ES SUR SCÈNE ?

Avant de monter sur scène, j’ai tout le temps une anxiété qui monte, une heure avant. Ça me saoule, j’aimerai m’en débarrasser, mais j’ai appris avec le temps que si elle est là, cette émotion, c’est pour une raison, donc juste, j’apprends à l’accepter. Et une fois sur scène, c’est parti, je me sens trop bien, ça me fait du bien, et j’ai l’impression que ça fait du bien au gens, donc je trouve ça trop génial. Et j’ai appris que parfois, il va y avoir des concerts où les gens vont être moins réceptifs et le tout est de garder son propre cap. En plus en tant que femme, on a appris à voir la réaction des autres, à être empathiques et à se modeler en fonction d’eux. Sauf que là t’es sur scène, donc j’ai appris à me canaliser sur mon kiffe, sur ce que je suis en train de dire, sur ce qui est en train de se passer dans le moment présent et de moi, apprécier. De plus, je trouve que ça débloque des énergies, ça débloque peut être même des traumatismes si c’est un bon concert.