Nos voisins néerlandophones

▴ Rencontre avec Bart Goeteyn

[2017] Installé depuis une quarantaine d’années sur le site d’une ancienne entreprise pharmaceutique rue de Alliés à Forest, GC Ten Weyngaert* organise tout au long de l’année une pléiade d’activités culturelles, avec un accent mis sur le public familial : spectacles de danse, théâtre, marionnettes, concerts, ateliers… Ten Weyngaert s’inscrit dans une volonté de culture démocratique, n’hésitant pas à « délocaliser » ses activités ailleurs sur la commune pour les amener au plus près des gens. Dans le but également de tirer un fil entre l’intérieur et l’extérieur, il encourage des habitants à venir se greffer sur la programmation via leurs propres projets. Au cours des années passées, Ten Weyngaert et le BRASS ont plusieurs fois allié leurs énergies et mené des projets ensemble pour relier différents quartier de Forest.

Rendez-vous au Ten Weyngaert un jeudi de novembre, la cafétéria est en travaux, quelques hommes s’affairent, il construisent un bar. À partir du vendredi suivant démarrera «Café TW», un bar qui ouvrira tous les vendredis soirs et accueillera, au gré des propositions extérieures, des projections, jeux, concerts, etc. Le centre communautaire néerlandophone de Forest incite les associations et citoyens, qu’ils soient francophones ou néerlandophones, à proposer des rendez-vous publics dans leurs locaux et à faire du lieu un espace de rencontre.

 

Prenons par exemple le collectif d’habitants QuartierWielsWijk, qui s’attache à la création de liens sociaux dans le quartier Wiels à travers l’amélioration du cadre de vie (plus convivial, plus vert, plus ludique) : ce collectif a initié différentes activités à Ten Weyngaert : les Gratiferias (marchés gratuits) et les Repair Cafés (concept qui essaime en Europe depuis 2009 et consiste à réapprendre à réparer les objets du quotidien plutôt que les jeter).

«Un de nos piliers, précise Bart, chargé de la programmation pour les écoles et les familles à Ten Weyngaert, c’est de fédérer les énergies déjà présentes sur la commune, et les aider à se renforcer, à se mélanger. De brasser, en somme. Comme chez vous au BRASS.»

 

La collaboration entre les deux lieux culturels forestois ne date pas d’aujourd’hui : «Nous avons commencé à coopérer pour la Zinneke Parade, qui a vu un bel échange se faire entre nos deux structures, des artistes et des habitants de Forest. » raconte Bart. « Le BRASS a également été partenaire de Toc Toc Toy, un marché gratuit «spécial jouets» que nous organisons un peu avant la Saint-Nicolas. Nous avons en outre mis en place ensemble, l’année dernière, un dimanche festif pour les familles, qui se déroulait entre Ten Weyngaert et l’Abbaye de Forest.»

 

Cette année, le BRASS et le Ten Weyngaert remettent le couvert : en janvier, ils proposent ensemble une fête de Nouvel An, et en avril, un dimanche Atomix sur l’avenue du roi, qui sera, pour l’occasion, bloquée à la circulation automobile. Marquant la frontière entre la commune de Saint-Gilles et la quartier Saint-Antoine, l’avenue du roi a, par sa largeur et sa verdure, un potentiel de convivialité qui reste en fait assez peu exploité… Depuis 2015, Ten Weyngaert concentre précisément une partie de son travail sur le quartier Saint-Antoine. L’année dernière, il a consacré une exposition photo à ce quartier, à l’occasion des 25 ans de ce que certains appellent les « émeutes» de la place Saint-Antoine : en 1991, les jeunes du quartier s’opposèrent violemment à la police pendant 3 jours. « Ce quartier reste probablement aujourd’hui l’un des plus défavorisés de Forest », estime Bart. Toujours soucieux de la question de la mixité des publics, Bart souligne le caractère intergénérationnel de cette foisonnante fête de quartier en perspective. Nul doute que ce 30 avril, le spectacle « Oma’s handtas » (« Le sac à main de grand-mère »), qui se jouera à la maison de repos située avenue du roi, réunira de minuscules fripouilles et des messieurs-dames pas loin d’être centenaires…

« Nous mettons ensemble nos énergies et nos compétences, ce qui permet de mélanger au maximum les publics. »

 

* GC pour « gemeenschapscentrum » : centre communautaire