Identités multiples

▴ Rencontre avec Roda Fawaz

[2016] Roda Fawaz ouvre la saison 2016-2017 avec son deuxième spectacle « On the road…A », un seul-en-scène dans lequel il interroge ses racines en passant par le rire.

D’où viens-tu ?

Je suis belge d’origine libanaise, né au Maroc (en 1979), j’ai passé ma petite enfance en Guinée. J’étais encore un enfant quand je suis venu à Bruxelles avec ma mère. J’y j’ai passé la plus grosse partie de ma vie, et j’y ai fait mes études d’art dramatique. Aujourd’hui, je vis à Paris.

 

Qu’est-ce qui t’a amené à la scène ?

Au départ, je voulais travailler dans le tourisme mais un jour – j’en parle dans le spectacle – alors que j’étais en dernière année d’études de tourisme, un prof a affiché un papier qui disait « cours de théâtre à 500 mètres de l’école ». Je suis allé au cours de théâtre, et j’ai eu un coup de foudre pour cet art.

Comment as-tu écrit le texte de « On the road…A » ?

J’ai démarré avec une phrase : « À ma naissance… ». Tout le reste a coulé de source. Je me suis enfermé pendant un mois au Maroc et j’ai écrit 80 pages. Dans un premier temps, j’ai appris les 80 pages par cœur. Je les ai jouées devant Angelo Bison, qui a été mon premier prof de théâtre, celui qui me connaît le mieux. J’avais besoin de me rassurer, vu que j’écrivais un texte intime. Je me demandais si ça allait intéresser les gens. Nous avons coupé le texte, jusqu’à ce qu’il reste 50 pages. J’ai appris les 50 pages et j’ai joué le nouveau texte devant Angelo et Eric de Staercke, le metteur en scène du spectacle. Ensemble, nous avons de nouveau coupé et retravaillé.

 

Qu’est-ce qui t’a nourri dans l’écriture de ce spectacle entre stand-up et conte contemporain ?

Au départ, je me suis inspiré d’un livre qui m’a beaucoup touché, Les Identités meurtrières de l’auteur franco-libanais Amin Maalouf. Un essai sur l’identité. Il y écrit une phrase qui résume bien le propos du spectacle :

« Si notre regard enferme les autres dans leurs plus étroites appartenances, notre regard aussi peut les en libérer. »

 

Est-ce que c’est la question du regard des autres qui est au cœur de ton spectacle  ?

Le spectacle pose la question : comment tu te débrouilles avec ce qui t’est tombé entre les mains et que tu n’as pas choisi ? Ton nom, ta religion, ta circoncision, le divorce de tes parents, l’exil… En résumé, « On the road…A » montre un personnage qui se débat avec son héritage culturel. La grande interrogation que j’y soulève, c’est donc celle de l’identité, dans son aspect le plus complexe, le plus multiple.