Une maison en plus

▴ Rencontre avec Sandrine Franken

[2016] Sur les sentiers culturels de Forest, les chemins d’Une Maison en Plus et du BRASS se croisent régulièrement. Mais qu’est-ce que cette maison de quartier ? Sandrine Franken, l’énergique coordinatrice d’une des quatre branches d’Une Maison en Plus, nous dit tout.

 

Comment « Une Maison en Plus » s’est-elle construite ?

La maison de quartier a été créée en 1982 à l’initiative de la maison médicale du quartier Primeurs-Pont de Luttre. L’équipe de la maison médicale a pris conscience que beaucoup de gens avaient besoin d’autre chose que des soins médicaux. Ils ont alors fondé une asbl indépendante de la maison médicale. Au départ, ce n’était qu’une école des devoirs. Beaucoup de parents du quartier étaient largués pour l’aide aux devoirs de leurs enfants. À l’époque, c’était seulement la première génération de l’immigration marocaine, ou la deuxième qui démarrait, c’est-à-dire des personnes qui ne parlaient vraiment pas bien français et qui n’avaient pas l’habitude du système scolaire belge.

 

Comment l’école créative est-elle venue compléter l’école des devoirs ?

Quand j’ai commencé à travailler à Une Maison en Plus, nous nous sommes aperçus que l’école des devoirs ne suffisait pas, qu’il fallait englober l’enfant dans un processus. Pas seulement pour qu’il réussisse à l’école, mais aussi pour qu’il devienne un adulte responsable, bien dans sa peau, qui puisse être critique -notamment envers la société-, qui sache prendre la parole…. Beaucoup de choses qu’on n’apprend pas spécialement à l’école. C’est ainsi que nous avons mis en place l’école créative, pour les 6-15 ans, dont je suis devenue coordinatrice.

Peindre en grand, faire du théâtre, chanter, bouger, permet de dénouer le langage et dénouer le corps…

 

L’école créative consiste à la fois à pratiquer les arts plastiques, mais aussi le théâtre, le chant, la danse…?

Chaque membre de l’équipe a un potentiel en arrivant, chacun a une formation, et nourrit le projet de l’asbl. Pour ma part, je suis prof d’arts plastiques au départ. J’ai étudié aux Beaux-Arts et fait de la pédagogie. De fait, il y a beaucoup d’arts plastiques dans ce qu’on fait à l’école créative ; c’est ce que j’amène, ayant pratiqué beaucoup de techniques différentes : mosaïque, peinture monumentale, gravure…

 

En quoi consiste la collaboration entre Une Maison en Plus et le BRASS ?

On a construit ensemble avec le BRASS le projet des Dimanches Atomix, ces journées consacrées à des activités parents-enfants. Pour chaque Dimanche Atomix, nous proposons différentes activités : ateliers de fabrication de marionnettes à doigts en feutrine, fabrication de fanions en référence à la lucha libre (la fête de la mort au Mexique)… Et aussi des activités pour les tout petits : lecture, fabrication de hochets à partir de matériaux de récupération… Ce qui est chouette, c’est que nous amenons aux Dimanches Atomix un public différent de celui habitué à fréquenter les lieux culturels. C’est un public auquel il faut laisser de la place.

 

On vous trouve parfois au rez-de-chaussée de l’Abbaye de Forest dans « l’espace Geleytsbeek ». Qu’y fabriquez-vous ?

Effectivement, nous occupons chaque semaine l’espace Geleytsbeek où nous menons un projet de mosaïques dans le cadre du contrat de quartier Abbaye. Les mosaïques sont créées par des habitants du quartier, enfants, ados ou adultes. Les enfants ont inventé des jeux en mosaïques (jeu de l’oie, marelle, fléchettes) qui seront, à terme, intégrés au sol de la ville. Ces jeux sont compréhensibles par tout le monde, tous âges, langues et origines confondues. Et on doit pouvoir y jouer avec rien : un simple caillou… Les adultes, eux, ont préparé des sortes de trompe-l’œil. Les œuvres resteront donc dans la rue. Ce genre de projet a un réel impact sur les habitants et sur un quartier.

 

Vous utilisez l’espace de résidence du BRASS à l’Abbaye pour d’autres activités. Lesquelles ?

Chaque année, le BRASS nous met à disposition ses locaux de l’Abbaye pendant un mois. Cela permet de faire une résidence d’artiste pour les enfants. Nous leur expliquons ce qu’est une résidence d’artiste, et que les œuvres réalisées seront exposées devant un public. En termes d’ego, pour eux, c’est vraiment important. Cette année, nous avons fait de la peinture monumentale. Dans nos locaux, nous manquons de place, c’est impossible de peindre en grand. En travaillant le grand format, ils s’éclatent vraiment. À partir de leurs créations, nous essayons de réfléchir par rapport à l’espace et de proposer une installation. Nous organisons un vernissage avec une fête dans une ambiance du tonnerre ! Quoi qu’il en soit, dans notre projet à Une Maison en Plus, pour moi, ça reste le plus important : la culture pour tous.