Débloquer l’imagination

▴ Rencontre avec Rebeca Fernandez Lopez

[2019] Elle se décrit comme « art-trotteuse et pédagogue polyglotte ». Espagnole ayant grandi en Suisse et fui dès que possible en Angleterre pour concrétiser son rêve de devenir danseuse, Rebeca Fernandez Lopez exerce aujourd’hui à Bruxelles ses talents d’artiste qui jongle entre l’expression corporelle, le chant, l’improvisation et les arts plastiques. À Forest, elle est l’une de celles et ceux qui font vivre le Septante-Treize*, un habitat collectif situé boulevard Van Haelen et ouvert aux habitant.e.s du quartier. Plus que quiconque attentive au jeune public, Rebeca proposera en décembre au BRASS une étonnante expérience à un groupe de bambins (4-8 ans) accompagnés de leurs parents, lors d’un samedi Krapules.

Tout au long de la saison, un samedi par mois, un artiste investira ainsi le BRASS pour un atelier créatif parents-enfants qui aura pour credo : « Extrayons-nous de la folie du quotidien ! Oublions, le temps d’une expérience apaisante ou surprenante (drôle peut-être) le menu du souper et l’achat du prochain paquet de langes ! »

 

 

 

Vous l’avez peut-être rencontrée en juin au parc de Forest. Avec le collectif Babylab Bazaar, Rebeca invitait le public du festival SuperVliegSuperMouche à défaire une immense structure en tricot et crochet. « Je cherche à créer des univers, des bulles hors du quotidien», explique-t-elle, « …des moments où les spectateurs peuvent vivre une expérience dans laquelle ils se sentent libres d’agir et d’intervenir à leur guise… des moments privilégiés où le parent et l’enfant peuvent s’étonner l’un l’autre, se redécouvrir, renforcer leur relation.» Rebeca souligne combien il n’est pas évident d’être enfant, bébé et parent, en particulier en ville.

 

« Nous venons de vivre une expérience très forte en jouant un spectacle pour lequel nous avions invité un groupe de femmes avec leur bébé », raconte-t-elle. « Nous savions que ces femmes se trouvaient dans une certaine précarité, mais nous n’imaginions pas à quel point. Comme nos spectacles sortent du schéma habituel, les mamans étaient très méfiantes au début. À la fin, deux femmes sont venues nous voir en pleurant : l’une d’elles m’a expliqué qu’en participant au spectacle avec son enfant, c’était la première fois qu’elle avait « vu » son enfant, la première fois qu’elle portait un regard sur lui sans ressentir en premier lieu la lourdeur d’être mère. »

 

Rebeca est convaincue que pour évoluer sereinement dans la relation parent-enfant et dans la société en général, il est fondamental de déverrouiller l’imagination. Les ateliers créatifs, le spectacle, la musique peuvent selon elle permettre cela. « Ce que j’essaie de faire à travers mon travail d’artiste, c’est de réouvrir cette porte de l’imagination pour les adultes et de faire en sorte qu’elle reste bien ouverte chez les enfants! Je ne fais pas l’art pour faire de l’art, je le fais pour créer du lien humain. C’est la seule chose qui ait vraiment du sens. »

Je ne fais pas l’art pour faire de l’art, je le fais pour créer du lien humain. C’est la seule chose qui ait vraiment du sens.

* Le 70-treize, Bd Guillaume Van Haelen 83 est une maison mise temporairement à la disposition de l’asbl Comuna par la commune de Forest.
Y sont proposés régulièrement des brunches, des jam sessions, des cours de yoga et de Xi Gong ainsi qu’une ribambelle d’activités ponctuelles. Les propositions des voisin.e.s pour utiliser l’espace sont toujours les bienvenues >> leseptantetreize@gmail.com