Bras dessus, bras dessous

▴ Rencontre avec Céline Rémy

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[2019] Si d’aventure vous passez un mardi midi devant le local MIRO rue de Mérode à Forest, si vous poussez la porte qui est quasiment toujours ouverte, vous pourriez rapidement vous retrouver à partager une soupe de lentilles à une table rassemblant au moins trois générations de convives. Ce repas hebdomadaire est orchestré dans la bonne humeur générale par l’asbl Bras dessus Bras dessous, qui a en ligne de mire de sortir les anciens de l’isolement.
Comment ? En provoquant des rencontres entre voisins de tous âges, en réactivant des gestes quotidiens de solidarité balayés par une époque du chacun pour soi. Rencontre avec Céline Rémy, l’instigatrice de cette asbl, qui témoigne de la vitalité de la fourmilière associative forestoise. Son portrait audio figure, à ce titre, dans l’exposition Mémoire Active au BRASS.

Nous sommes rue des Glands, il y a environ deux ans. Céline est chiffonnée par ce qu’elle observe dans son quartier : elle se rend compte que les personnes âgées qu’elle a connues dix ans plus tôt disparaissent du décor, fréquentent de moins en moins l’épicerie, n’attendent plus à l’arrêt de tram auquel elle avait l’habitude de les voir. En discutant avec ces voisins vieillissants, Céline voit pointer la peur de sortir, la solitude, le vide qui se crée autour d’eux.

 

En même temps, elle est persuadée que dans ce quartier, des voisins plus jeunes ont « d’extraordinaires souvenirs de parties d’échecs ou de crapette avec leurs grand-mères, de recettes de confiture, de longues balades en forêt, et de choses que l’on ne vit plus parce que les parents, les grand-parents ont disparu ». Céline monte alors l’asbl Bras dessus Bras dessous, avec la ferme volonté de « remettre de la vie dans nos quartiers en reconnectant les gens, en les faisant se (re-)rencontrer ».

 

Le concept de Bras dessus Bras dessous est vite adopté par des habitants des environs, jusqu’à réunir aujourd’hui cent-cinquante personnes dans tout Forest : Septante voisins âgés sont accompagnés par une nonantaine de voisins plus jeunes, qui donnent de leur temps en fonction de leurs disponibilités. La singularité de ce projet : il s’appuie sur des duos de voisins. En d’autres termes, il n’est pas question de créer un lieu pour seniors en mal d’activités qui se réuniraient entre eux – même si le moment collectif du mardi midi autour d’une soupe permet à ceux qui veulent de se retrouver. Il s’agit plutôt de créer des binômes qui se découvrent des intérêts communs et des atomes crochus.

« Septante voisins âgés sont accompagnés par une nonantaine de voisins plus jeunes. Ça donne des duos parfois cocasses ! »

« La première rencontre est capitale, souligne Céline, parce qu’elle nous permet de savoir ce que les personnes (jeunes ou âgées) aiment faire, ce dont elles ont besoin ou envie. »
Résultat : Estelle et Jeannou jouent aux échecs tous les lundis, Louise et Béné se baladent régulièrement vers le petit potager collectif, Anouk et Salvo descendent à Bruxelles en tram pour des sorties culturelles, Josiane et Annette papotent à la maison autour d’un gâteau apporté par Annette. Laurent est accompagné par l’un ou l’autre voisin au club de scrabble ou au petit bar du quartier. Etc, etc !

 

« Ça ressemble à ce que les gens souhaitent », résume Céline, avant d’ajouter : « Je dirais que le projet est aussi divers que l’est la commune de Forest : diversité culturelle et socio-économique et diversité en termes d’origines. Ça donne des duos parfois cocasses ! ».