Résidence à l’Abbaye

▴ Rencontre avec Thierry Lefèvre

[2016] L’Abbaye de Forest accueille tout au long de l’année des artistes (plasticiens, compagnies de théâtre…) en quête d’un espace pour expérimenter ou faire aboutir une création. Rencontre avec Thierry Lefèvre et ses acolytes, au milieu d’une semaine de répétitions pour leur nouveau spectacle Les Histoires de la baraque.

Un mercredi de juin. L’agenda a été bousculé. Ils étaient supposés occuper la salle de l’Abbaye pendant une dizaine de jours pour mûrir leur projet, pour rêver à tous les possibles. Au final, l’équipe qui entoure Thierry Lefèvre, homme de théâtre multi-fonctions et co-fondateur de la compagnie Une Compagnie, a dû très rapidement se projeter dans le concret. Les histoires de la baraque ayant été sélectionné pour figurer dans la programmation du Festival SuperVliegSuperMouche, leur bicoque doit être construite avant la fin de la semaine. C’est une sorte de cabane constituée de portes d’armoires et autres planches récupérées. Thierry Lefèvre, penché au-dessus d’une caisse à outils, décrit la manière dont il les a glanées dans son quartier. « J’ai fait une petite carte que j’ai déposée dans les boîtes aux lettres de l’avenue de Kersbeek. J’avais écrit :

 

« Chers voisins, je suis à la recherche de vieilles portes de maison ou d’armoire, vieux morceaux de bois pour construire un théâtre qui accueillerait Les Histoires de la baraque ».

 

Les Histoires de la baraque, ce sont quatre contes écrits par Thierry Lefèvre. Des sortes de poèmes, dits par Thierry Lefèvre, Delphine Veggiotti, Vincent Rouche et Juan Martinez. Juan a déjà joué de nombreuses fois une des quatre histoires dans un camion qui déambulait dans le Brabant Wallon. Petit à petit, le projet a continué de s’étoffer, Thierry a écrit d’autres histoires, et le camion a laissé place à la maisonnette de bric et de broc.

La résidence à l’Abbaye de Forest correspond pour eux à l’opportunité d’accueillir les passants qui souhaiteraient suivre les aventures de la construction, ou assister à une répétition. L’espace dans lequel ils travaillent, une salle en rez-de-chaussée avec de grandes baies vitrées, se prête à l’observation des curieux.

« Il y a un atelier à côté, de dames qui font de la mosaïque. Elles sont venues demander ce qu’on faisait, on les a invitées à venir en fin de semaine pour assister à une répétition ».

 

Tout cela n’est pas habituel pour le théâtre, fait remarquer Thierry : « En général, on se planque pour répéter. »

 

Assez discuté, il reprend sa visseuse et s’attaque aux finitions de la cabane. Vincent, camarade de longue date avec qui il a notamment travaillé l’art du clown, explique, l’air amusé, que Thierry aime qu’on soit capable de tout faire à la fois : « l’écriture, la mise en scène, le jeu, la bricole… ». D’ailleurs, à la question « Comment te définis-tu ? Comme auteur ? Metteur en scène ? Comédien ? Tourneur-fraiseur ? », Thierry répond spontanément : « J’essaie de ne pas me définir si c’est possible ».